Le clocher de Notre-Dame est la partie souvent la plus visible de loin quand on regarde Bourg… Il domine la ville et les environs de sa prestance, mais il n’a pas toujours été là !
Débutés en 1505, les travaux d’édification de Notre-Dame ne s’achèvent qu’en 1696, année au cours de laquelle la croix est hissée au sommet. Cette même année 3 cloches sont installées dans le clocher mais il n’existe pas de traces de l’origine ou des caractéristiques de ces cloches.
Quelque 100 ans plus tard, la Révolution vient mettre à mal près de 200 ans de travaux et le représentant Albitte organise la destruction du clocher de Notre-Dame. Les 3 cloches sont descendues et fondues.
Il faudra attendre 1855 pour qu’un clocher soit à nouveau érigé. A cette occasion, 9 cloches sont installées dans le beffroi (25/05/1855). Ces cloches (fondues en 1854) proviennent toutes de la fonderie Gédéon Morel à Lyon à l’exception de la cloche n°2 (Ré#) coulée à Bourg par un certain Jérôme Bernard. Etonnamment, cette cloche date de 1824 mais rien dans les archives dont nous disposons ne permet de savoir si ce fameux Ré# avait été installé en 1824/25 ou si la cloche provient d’un autre édifice.
En 1910, sous l’impulsion de Henri Lenormand (organiste et carillonneur à Notre-Dame), le conseil municipal vote et engage la reconstruction du clocher dont les travaux sont confiés à M. Tony Ferret. Ces importants travaux nécessitent la dépose des 9 cloches qui seront à nouveau hissées au sommet fin 1911. À ces 9 cloches sont ajoutées 14 autres cloches fondues par les établissements Paccard à Annecy le 25 Juillet 1911, pour un poids total de près de 10 tonnes.
Sur les 23 cloches que compte le beffroi, seules 6 sont actuellement électrifiées pour une volée automatique ; les 17 autres cloches sont raccordées au carillon par un système de marteaux mécaniques ou de palpeurs.
Les cadrans de l’horloge sont confiés à la maison Charvet de Lyon. Le sculpteur Alphonse Muscat réalise les 2 génies qui décorent l’horloge principale de part et d’autres du cadran; les 2 génies de près de 4m de hauteur environ sont des allégories du jour et de la nuit ou encore de l’heure de la naissance et l’heure de la mort. Le mécanisme de l’horloge est confié à la maison Labrosse dans le Jura ; découplé des horloges, il est néanmoins toujours visible dans un des étages de la tour.
La machine à carillonner compte 60 rangées de 243 trous (soit 14580 tintements potentiels) ; elle est confiée à la Maison Paccard qui sous-traite au facteur hollandais Eijsbouts.
Le cylindre de cette machine à carillonner est actuellement le plus important de la région Rhône-Alpes.
Outre le cylindre qui permet de faire jouer automatiquement des mélodies à divers moments de la journée (aux 3 Angélus notamment), le carillon de Notre-Dame est le seul carillon rhônalpin à posséder encore son clavier à grosses touches de piano.
En 2013, un peu plus de 100 ans après l’installation du carillon, le mécanisme est toujours en état de fonctionner mais force est de constater que les années ont mis à mal certaines pièces du mécanisme qu’aucune opération de maintenance de fond n’a permis de conserver en très bon état.
Le bourdon de Notre-Dame est sans doute la cloche la plus caractéristique des 23 cloches que compte le beffroi ; d’un poids de 3953 kg pour un diamètre de 1.87 m (et un battant de 214 kg), le bourdon de Notre-Dame est gravé de nombreuses inscriptions et ornementations. Cette cloche est similaire à l’une des cloches que l’on peut trouver à l’église Saint-Paul de Lyon.
Le bourdon est divisé en 7 zones :
1- le sommet constitué de l’anse principale autour de laquelle rayonnent six anses secondaires qui se présentent sous la forme d’anges vêtus à la chevelure ondoyante, agenouillées en prière, les mains jointes sur la poitrine.
2 - le cerveau décoré d’un collier de perle et d’un entrelacement de feuilles d’acanthe, de plantain et de feuilles d’eau.
3 - le listel, lui aussi orné d’une bordure de perles et de quatre médaillons principaux représentant : la Sainte Vierge (nimbée de sept étoiles et d’une auréole radiée), le Christ, Monseigneur Chalmandon (Prélat Consécrateur) et le Pape Pie IX ; le tout est placé dans une couronne formée de 12 rinceaux représentant les emblèmes des 12 apôtres. A la base de la couronne, on retrouve les armes pontificales, la tiare et les clés en sautoir ainsi que les emblèmes des 4 évangélistes (le lion, l’aigle, l’ange et le bœuf).
4 - la ceinture de la cloche circonscrite de 2 élégantes bordures de 14 médaillons et 14 rosaces ; on distingue le monogramme du Christ formé du X et du P entrelacés, placés entre l’alpha et l’oméga, (ce qui laisse sous-entendre que le Christ et le commencement et la fin de toute chose), et le médaillon de la Vierge (un M byzantin accosté des figures du soleil et de la lune avec le passage du Cantique des Cantiques : « Pulchra ut Luna, Electa ut sol » qui signifie « belle comme la lune, élue ou pure comme le soleil ») ; les 12 autres médaillons représentent les figures et les bustes des 12 apôtres.
5 - le corps du bourdon représente un semé d’étoiles disposées en quinconce.
6 - la 6ème zone, sur laquelle se trouvent gravés, dans des couronnes, les principaux événements de la vie de la Sainte Vierge, depuis sa naissance jusqu’à son couronnement.
7 - la doucine, partie terminale de la cloche, décorée de feuilles d’acanthe qui reprennent le thème du cerveau.
Les 4 lignes de textes enroulées autour de la cloche au niveau du listel reprennent :
• la devise propre au bourdon, empruntée au psaume 28 : « Vox Domini in virtute, vox Domini in magnificentia » qui signifie « la voix du Seigneur se fait entendre avec force, la voix du Seigneur est éclatante ».
• le nom et les armes du Prélat Consécrateur qui a béni la cloche (Mgr Chalandon) ainsi que les prénoms accolés du parrain et de la marraine qui ont donné son nom à la cloche : Marie-Charlotte.
• les noms du parrain et de la marraine : M. Bernard (maire de Bourg) et Dame Marie, Comtesse de Murard Yvours, née De Gerland.
• le nom du généreux donateur : M. l’abbé Claude Roux, curé de Notre-Dame de Bourg.
À noter, pour la symbolique, la persistance du nombre 7 et des ses multiples : les 7 divisions de la cloche, les 7 anses, les 14 médaillons, les 14 rosaces, … (7 = 4 éléments terrestres + 3 de la Trinité).
On peut noter aussi la présence, au sommet sur mère anse, d’un coq et de poules, emblèmes locaux qui jouent un rôle dans la richesse et la célébrité de la Bresse.
Les archives de 1912 témoignent d’un litige entre Henri Lenormand (organiste et carillonneur à Notre-Dame) et la maison Paccard au sujet de la justesse des cloches. La réception définitive est réalisée le 27/09/1913 pour un coût total de 23 887.50 F.
Julien Chauveau [texte et photos]